Piranhas, la mafia aux dents de lait

Piranhas, la mafia aux dents de lait

Les baby boss de la Camorra sont au cœur du film Piranhas, adapté du roman de Roberto Saviano. Au coeur de cette fiction, Nicola, un adolescent qui cherche du travail et surtout de l’argent, contacte un truand lié à la mafia napolitaine afin de devenir vendeur de drogue. Avec son groupe d’amis fais émoulus, ils deviennent vite les petites mains de la mafia. Attirés par le monde du crime organisé, son mode de vie et ses carrés VIP dans les boîtes de nuit, ils redoublent d’énergie et d’avidité. Quand un coup de filet de la police vient arrêter les principaux parrains de la Camorra, les garçons n’hésitent pas à prendre le contrôle du quartier, puis celui de la ville, les armes à la main.

Misère et fureur de vivre

Le film de Claudio Giovannesi plonge tout droit dans l’univers de la mafia napolitaine : urbaine et sauvage. Piranhas montre le quotidien bousculé d’une « paranza », une bande de jeunes délinquants. On suit les virées nocturnes de ces ados avec attention. Les jeux et rêves de leur âge se mêlent sans mal au goût pour l’argent et le pouvoir qui rendent la vie plus facile dans un monde très capitaliste.

Le long métrage de Giovannesi se veut plutôt réaliste. Après la série Gomorra, et sa dernière saison qui évoque l’ascension des bandes d’ados, le journaliste Roberto Saviano voit son roman porté à l’écran. La force du film repose d’ailleurs sur la description précise du quotidien de cette bande de jeunes à la dérive, mais il pâtit du discours ambigu de Roberto Saviano sur la mafia. Le journaliste engagé en faveur des migrants passe pour un homme engagé à gauche, quand le film se contente de montrer simplement des jeunes portés par la « fureur de vivre ». Cette vision « psychologisante » ne manque pas d’occulter des aspects plus complexes de la réalité.

Renouveler le film de gangsters

En ce sens, l’émergence des baby gangs révèle surtout la faillite de la répression policière. Si la prison permet d’enfermer des individus lié au crime organisé, elle n’a aucune prise sur les structures économiques et sociales du crime organisé. L’enfermement des parrains débouche même sur une violente guerre entre gangs de quartiers pour le contrôle du territoire.

Piranhas, par la vision psychologique unilatérale de la mafia, occulte hélas son contexte social. Si le film montre bien la bande d’ados, il évoque trop peu les conditions de vie des quartiers populaires de Naples.

Pour autant, Piranhas tente de renouveler le genre du film de gangsters à travers l’exploration du phénomène récent des baby gangs qui défilent avec ces fameux scooters chevaleresques. L’ascension éclair des Scarface adolescents suit le schéma implacable de la tragédie mafieuse qui se laisse regarder.



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