Pourquoi il faut aller voir Laëtitia Dosch dans HATE

Pourquoi il faut aller voir Laëtitia Dosch dans HATE

 

Créé au théâtre de Vidy en juin, HATE de et avec Laëtitia Dosch nous absorbe, par sa forme audacieuse et son jeu à fleur de peau. Dans cette pièce pour une jeune femme et un cheval, la distribution ne peut varier, tant la relation entre la comédienne franco-suisse et Corazon, un pure race espagnole.

La quête d’altérité humaine se heurte alors à un silence, que seule la fiction , salvatrice, répare. Face à face ou échappée belle, l’enclave formée par ce duo palpite comme un cœur qui ne se résigne pas. C’est assez rare pour être souligné et nous nous souvenons avec joie d’avoir assisté à une telle création, dont les fulgurances méritaient d’être,  pour ceux qui y pensent encore ou s’apprêtent à s’y rendre, citées dans une liste à ne pas oublier. Les voici, sans ordre de hiérarchie :

 

-La scénographie romantico-contemporaine, où apparaît la reproduction d’un tableau de paysage d’Albert Bierstadt. L’épure et le sublime de ce paradis terrestre, propre au grand paysage américain cher à l’Hudson River School, participent à la mélancolie de HATE.

-La nudité comme égalité entre le cheval et la comédienne. Les deux évoluent dans leur apparence originelle, sans ornement distinctif jusqu’à ce que le dépouillement devienne instinctif, compris jusque dans le public le plus rétif.

Le soliloque de Dosch, capable de donner une performance dans laquelle les modulations de sa voix permettent dialogue et polyphonie, parfois chantée. Ce jeu de rôles, rempli seule, répond à une quête désespérée d’altérité au plateau, au silence trouvé partout.

-Le mouvement des corps agit comme une partition sourde. Par le prisme des déplacements, chorégraphiques ou improvisés selon les variations de Corazon, l’interaction tant espérée a lieu, sans passer par la relation de domination imposée par l’homme à l’animal.

-L’existence de Shanju, sanctuaire suisse fait de grands espaces où Corazon vit quand il n’est pas sur scène. Judith Zagury, chorégraphe de HATE et domiciliée à Shanju, refuse d’ailleurs le titre de dresseuse, puisque sa méthode consiste à ne plus contraindre l’animal à effectuer des figures, mais à le laisser évoluer jusqu’à ce qu’il s’intéresse au projet formé. Cette liberté fait de HATE une pièce dont on ressort transformé.

 

G.P

 



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