Life is strange, la tempête avant la tempête

Life is strange, la tempête avant la tempête

 

Avec Life is Strange, Square Enix avait frappé très fort au niveau du scénario comme du graphisme. Ce succès était tellement inattendu qu’il a amené l’éditeur japonais à doter ce jeu vidéo épisodique d’une suite, Life is Strange : Before the Storm. Comme son nom l’indique, l’histoire prend place trois ans avant les événements du premier opus. Bien que différent et sur certains aspects moins bon que son prédécesseur, ce dernier vaut le détour. Voici donc cinq bonnes raisons d’incarner Chloé Price avant qu’elle décide de se teindre les cheveux en bleu.

 

1) L’ambiance et le sens du détail : Tout est là, l’académie Blackwell est de retour et quel plaisir pour le gros stalker que je suis d’explorer les chambres des élèves, de lire les affiches dans l’établissement, les mails, les sms et autres journaux intimes. Les interactions avec les différents protagonistes apportent aussi leur lot d’informations passionnantes mais pas très utiles. Et c’est là que le bat blesse car ces découvertes n’influent pas sur le déroulement du jeu, vous voilà prévenus !

 

2) Une histoire plus complexe qu’elle en a l’air : Contrairement à Life is Strange, il n’y a pas ici de disparition d’enfant ni d’hommage trop appuyé à Twin Peaks. Néanmoins et sans trop en dire, tout s’imbrique peu à peu assurant une montée en puissance et du suspense. En apparence, on a juste affaire à une histoire d’amourtié vue et revue entre deux adolescentes qui s’ennuient, mais ce pitch permet de développer des personnages secondaires globalement mieux écrits que dans le jeu précédent.

 

3) La nostalgie de l’adolescence : Au fond, ce qui fait le sel de tout ça, c’est qu’il parle au cœur du joueur (qui est rarement un adolescent lui même mais plutôt un trentenaire repus et blasé). Il rappelle une époque où il était parfaitement possible de s’extraire des emmerdes du moment en claquant des doigts, en allant taper un foot ou fumer un joint à la décharge du coin. Un temps où l’avenir sentait très fort la Peugeot 308, le crédit, le bullshit job et le vote Emmanuel Macron sans que l’on sache encore donner des noms à ces sinistres présages. Bref, ce jeu remue les tripes car on s’identifie beaucoup aux personnages.

 

 

4) Une expérience inédite de psychologie sociale : Les choix moraux à effectuer sont vraiment terribles. A titre d’exemple (ALERTE SPOILER), j’ai volé l’argent d’un jeune espoir de foot américain, il s’est fait casser la gueule sans que je bouge le petit doigt et à la suite de divers quiproquos, il m’a même remercié en pensant que je l’avais aidé. Depuis, je me sens donc très sale et j’ai un peu perdu le contrôle de ma vie, aidez moi svp.

Ce qui est également intéressant (mais pas nouveau), c’est que l’on peut voir les choix effectués par les autres joueurs. Il faudrait mener une étude approfondie mais il m’a semblé qu’ils privilégiaient globalement des choix égoïstes et que l’altruisme et l’intérêt général n’étaient pas au cœur de leurs préoccupations. Gros bémol dans ce concert de louanges : les choix n’ont que que peu d’effets sur le cours de l’histoire, ce qui est fort dommage.

 

5) Un long-métrage interactif qu’on croirait tout droit sorti de la sélection officielle du Festival du film de Sundance : Il y a de purs moments de poésie dans ce jeu. Il est ainsi possible de lâcher sa manette des minutes entières et de rêvasser en compagnie de son personnage. La bande-son est aux petits oignons et la réalisation est également d’un très bon niveau. Mais l’ensemble a finalement les défauts de ses qualités, certains peuvent en effet trouver cela profondément ennuyeux d’autant qu’il n’y a presque pas de difficultés. On ne meurt pas dans Life is Strange mais on retrouve une vie qu’on avait laissé derrière nous.

 

Article précédemment paru sur The New Nerd Times



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