Une expérience traditionnelle et culturelle au Chinzanso

Une expérience traditionnelle et culturelle au Chinzanso

Les artères de Tokyo ont beau contenir plus de 13 millions d’habitants, une véritable oasis s’étend sur les hauteurs nord-ouest de la ville. Entre Edogawabashi et Meijiro, l’hôtel Chinzanso n’apparaît pas tout de suite au regard du visiteur. Il faut quelques enjambées avant de découvrir les lignes épurées du bâtiment noyé dans une luxuriante verdure. Le jardin vallonné de l’établissement cinq étoiles s’étend sur près de 7 hectares, où les camélias poussent au pied de toros et de statuettes de pierre.

C’est dans ce périmètre vert, agencé pendant par l’homme politique Yamagata Aritomo durant l’ère Meiji, qu’est érigée l’une des plus anciennes pagodes de la capitale nippone. Dès les premières minutes, la découverte du jardin investi par l’un des pères fondateurs du Japon moderne, constitue un véritable trésor culturel.

 

L’âme du Chinzanso est probablement située dans ce sanctuaire shinto, où les promeneurs viennent se recueillir en effectuant quelques rituels d’usage.

D’abord, jeter une pièce, puis faire tinter la cloche. Ensuite, s’incliner et taper deux fois des mains afin de signaler sa présence à la divinité. Enfin, s’incliner à nouveau avant de prendre congé.

Derrière la divinité, apparaissent des messages votifs laissés par les visiteurs, pour des jours et des jours.

Dominant cet écrin bucolique, l’hôtel Chinzanso (signifiant littéralement « colline de camélias »), offre une vision spectaculaire et historique.

Le grand lobby, taillé dans un beau marbre vert,  allie style européen début XXème siècle et mobilier japonais précieux, constitué d’iconographies, faïences et menuiseries précieuses.

La circulation entre les murs du bâtiment s’apparente rapidement à la découverte d’un musée où l’esthétique magistrale exhale un parfum nostalgique de plus en plus rare dans l’hôtellerie haut de gamme.

Au delà, c’est l’histoire du Japon qui se dessine peu à peu.

 

Située côté jardin, la chambre révèle un cachet spectaculaire. Il ne s’agit pas tant de sa vaste superficie proche de 50m², mais de l’immense baie vitrée donnant sur la végétation en contrebas, puis sur la ligne d’horizon formée par les gratte-ciel et les montagnes au loin.

Je passe de longs moments à fixer les infimes modifications du panorama tandis que le soleil décline et que les vitres alentours renvoient des reflets orangés. Le contraste entre le paysage végétal au pied du bâtiment et l’arrière plan aux lignes contemporaines synthétise la particularité du Japon, conciliant vestiges millénaires et urbanisation moderne, dans le même périmètre.

Il semble être au bout du monde. Dans cette temporalité singulière, des cérémonies de mariage ont lieu au coeur de la semaine. L’atmosphère paisible prend une grâce inouïe, dépaysante, dans chaque parcelle du Chinzanso.

La décoration néo-classique ose les natures mortes, l’évocation de taxidermies tandis que de véritables plantes poussent entre les murs de l’hôtel mouvant.

En fin d’après-midi, trois gouvernantes toquent à la porte et remettent les prévisions météorologiques du lendemain. Le service du Chinzanso demeure à ce jour le plus bienveillant et soigné, qu’il m’ait été donné d’expérimenter.

La nuit tombée à travers l’immense fenêtre se déploie lentement, comme entité merveilleuse constituée de buildings scintillants. Sur les plus hautes tours, le clignotement de centaine de diodes rouges forme une respiration artificielle fascinante. Loin des célèbres néons de Shibuya et Shinjuku, Tokyo offre sa physionomie la plus singulière aux heures nocturnes. C’est un spectacle en 16/9ème, d’une immensité fascinante.

 

Aux aurores, l’heure est également propice à la contemplation du jardin éclairé par les premiers rayons de soleil. Les premières lumières dans les buildings alentours s’allument une à une, créant une scène fantastique.

La pagode du Chinzanso hypnotise les visiteurs, qui s’arrêtent quelques secondes scruter l’édifice, avant de prendre un petit-déjeuner dans l’un des restaurants de l’hôtel.

Mon choix se porte sur le Miyuki, qui sert exclusivement des mets traditionnels japonais tout en offrant une vue imprenable sur le jardin paisible.

Au menu, arrivent une soupe miso aux palourdes, de la gelée salée, un dashi maki tamago (omelette japonaise), un ajitsuke tamago (oeuf mollet mariné), une salade aux shirasu crus (alevins à l’état de larves, pêchés dans la baie de Suruga) très salée. Le tout, agrémenté de riz blanc, thé sencha et jus d’orange frais.

Une gastronomie déroutante et très saine, qui éclaire sur les traditions culinaires au Pays du Soleil Levant.

A bien des égards, rester au Chinzanso déroule une véritable immersion dans la tradition nippone. Expérience culinaire, patrimoniale et ludique.

Les longs couloirs subtilement décorés ressuscitent l’ère Meiji par fines touches. Si bien que circuler dans l’hôtel ressemble, à s’y méprendre, à une visite muséale.

 

Parachevant l’immersion nippone, un passage au spa Yu permet d’apprécier la grande piscine sous verrière et la source d’eau chaude situé dans le jardin, ainsi que l’onsen.

Véritable rituel intégré à la vie quotidienne japonaise, ces bains traditionnels invitent le visiteur à la contemplation. Le cadre magnifique et les vertus aquatiques constituent une véritable plus-value à ma visite, déjà riche en découvertes culturelles. Je découvre aussi une spécificité de la culture de l’archipel, qui interdit l’accès des bains aux personnes tatouées.

Enfin, le Chinzanso dispose d’un véritable salon, sorte de cabinet de toilette, mis à disposition des baigneurs après l’onsen. Les femmes s’y assoient, se coiffent avec les brosses jetables et s’hydratent avec les crèmes mises à disposition,  avant de rejoindre le lounge mixte, où règne un calme olympien.

 

Séjourner au Chinzanso revient à vivre un voyage intrinsèque à la culture japonaise, dont les us et coutumes s’illustrent dans chaque recoin de cet hôtel authentique et haut de gamme, où la qualité du service mérite amplement ses 5 étoiles. Du jardin aux bains de l’établissement, c’est un savant mélange de modernité et tradition.

Du haut de sa colline verdoyante, cet écrin somptueux renferme un véritable trésor culturel, parfaite introduction à la compréhension du Japon.

 

 

Hôtel Chinzanso

〒112-8680 Tokyo, 文京区Sekiguchi, 2−10−8

+81 3-3943-1111

Réservations ici



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